Cuvillier dans l'Almanach Fillette de 1939

Surprise dans cet almanach de Fillette de 1939 : Cuvillier nous livre une histoire en noir et blanc sur 6 pages. Il s’agit de Ginette et Kokinette dont l’action se passe en Afrique. L’ensemble fait penser au contexte des aventures de Zimbo et ZImba que Cuvillier a commencé de dessiner depuis 1938. En tout cas, c’est une histoire longue qui comprend 56 images (page 29 : 8; page 30 : 8; page 31 : 7; page 32 : 6; page 33 : 9; page 34 : 8). On y retrouve 2 gags ou points communs : les traces de pas sur le drap et la bicyclette en bois.

Suite et Fin.

Il me semblait bien que le gag du poivre me disait quelque chose:


Planche de Bizouk et Pélik parue dans le Journal de Bébé du 21 octobre 1937.

On trouve également cette planche de Bizouk et Pélik dans le numéro suivant du 28 octobre 1937:

Gag que l’on trouve également par Maurice Cuvillier dans Fillette le 8 août 1937.

Il existe d’autres exemples de gags repris à la fois par Davine et Cuvillier et d’autres… En fait, il y avait derrière les dessinateurs plusieurs scénaristes. Je me demande si ce ne serait pas le rôle réel de Blanche Dumoulin (l’épouse de Rob-Vel connue sous le pseudo de Davine)…

BraVo pour ces trouvailles très parlantes !
Est-ce qu’il existe des références à ces scénaristes qui auraient oeuvré pour des dessinateurs ? J’avoue que cette hypothèse m’interroge. Certes, il existe des gagmen pour les humoristes ou les auteurs de films comiques. Mais pour les dessinateurs de l’époque de Cuvillier (disons les années d’avant la 2nde guerre mondiale : de 1920 à 1940), je pense qu’ils mettaient au point eux-mêmes leurs histoires et les chutes comiques (Louis FORTON, THOMEN, Aristide PERRE, TYBALT, etc…). Cela n’empêchait pas qu’ils empruntent parfois un gag de l’un d’entre eux qui les inspirait ou avait eu du succès. Cela ne conduit pas à l’existence de scénaristes derrière ces emprunts.

PS : le gag du hérisson avalé par le serpent dessiné par Cuvillier (août 1937) me semble antérieur à celui de Davine (octobre 1937).

Il y a plusieurs témoignage pour l’utilisation par les frères Offenstadt et d’autres éditeurs de scénaristes. Il est pour moi certain qu’une seule signature pouvait couvrir plusieurs individus.

Dans le cas des débuts des Pieds-Nickelés, tout est signé Louis Forton, mais si le dessin est bien de lui les textes ne le sont sans doute pas. Il semble que les frères Offenstadt eux-même auraient écrit certains textes des Pieds-Nickelés, c’est ce qui est dit dans les rééditions de ces planches. D’autres seraient d’auteurs de la maison. Cela ne veut pas forcément dire que Forton n’est pas impliqué dans les scénarios. Il est possible que par moment les dessins précèdent le texte… Je sais qu’à l’époque on travaillait plus mais quand on regarde la production de Forton cela fait beaucoup de dessins et de textes par semaine (sans compter le temps passé sur les champs de course). Bon il est vrai que sur les dernières années, il ne donnait que des crayonnés et que c’était quelqu’un des chez Offenstadt qui encrait les Pieds Nickelés et autres.

Concernant Davine, ce pseudonyme correspond à Blanche Dumoulin. C’est peut-être une déformation du nom de sa mère Delvigne, ou un emprunt à son voyage en Australie ou ce prénom était assez courant,… Mais si il est dit que Blanche Dumoulin aurait fréquenté les beaux-arts de Lièges, nul n’en a apporté la preuve jusqu’à maintenant. Et on ne la voit pas sur les photos des promos de l’époque. Ce qui est certain, c’est que la grande majorité des dessins signés, B. Davine, Davine, Dav. ou D. sont de la main du peintre Luc Lafnet. Les témoignages de la famille du peintre sont tous cohérents la-dessus alors que ceux de la famille de Blanche ne tiennent pas aux regards des archives. Il est également clair que mise au pied du mur avec le décès de Luc Lafnet, puis le mois suivant le départ de son époux Rob-Vel pour la guerre, elle ne pallie au manque que en copiant d’anciens dessins et avec l’aide d’un autre dessinateur pour finir les planches (Spirou, Toto, Bizouk,…). Pour en revenir à Bizouk et Pélik, la famille de Luc Lafnet dit que certains gags auraient été inventés par la propre fille du peintre ou par des bêtises que celle-ci aurait commise. Et cela a pas mal de sens au vu de certains gags. Mais, la plupart des scénarios proviennent clairement de Blanche Dumoulin.

Il y a aussi le cas Julianne Ossip sur lequel je m’interroge. Avant-guerre il existe de nombreuses histoires signées Julianne Ossip accompagné de dessins signés J. Ossip. Mais après-guerre les dessins ne sont plus signés et clairement d’une autre main ou signés d’un autre dessinateur…

Le cas de Paul d’Espagnat est aussi surprenant (S. Pania, I. Béric,…). Il sera à un moment le rédac chef d’un journal ou il produit une grande majorité des dessins et des textes tout en continuant à contribuer aux autres revues pour enfant. Ça fait beau coup de travail pour un seul homme.

Pour le gag du hérisson la version de Cuvillier est en effet antérieure à celle de Davine. La version dessinée par Luc Lafnet reprend d’ailleurs la mise en scène adopté par Cuvillier. Ce qui était amusant, c’était de voir deux planches consécutives signées Davine dont une est semble-t-il reprise plus tard par Cuvillier alors que l’autre est une reprise d’une planche de Cuvillier…

Je regarde les planches de Zimbo et Zimba, il y a un autre gag qui provient de cette histoire avec kokinette. Le gag des noix de coco et de l’aiguille de chemin de fer est repris chez Zimbo et Zimba le 17 novembre 1940 dans Ames Vaillantes.

Effectivement, voici la page 30 de cet almanach de FIllette de 1939 avec le cadrage du gag et sa version avec Zimbo et Zimbo.